Situation à Madagascar (communiqué)

Publié le par L.O.I


 

 

 

 

MADAGASCAR

 

L.O.I n° 1285 du 15/05/10

Andry Rajoelina abat sa dernière carte

 
   
   

Le président de la Haute Autorité de transition (HAT), Andry Rajoelina, dit TGV, a choisi, le 12 mai, de lever l'ambiguïté qu'il entretenait sur son avenir politique, en annonçant qu'il renonçait à participer au prochain scrutin présidentiel et qu'il quittera le pouvoir au terme du processus électoral. Ses propos ont immédiatement été acclamés par Abdou Diouf pour l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et Alain Joyandet pour la France. Pourtant, si la nouvelle feuille de route de TGV (conférence nationale en mai, référendum constitutionnel en août, législatives en septembre et présidentielle en novembre) est séduisante sur le papier, son timing est bien trop serré pour être vraiment réaliste.

Le calcul risqué de TGV. Lorsqu'il est arrivé au pouvoir en mars 2009, porté par une vague de popularité, Rajoelina était sur un petit nuage. Ses conseillers n'ont pas eu de mal à le convaincre qu'une voie royale le conduirait à l'élection présidentielle au terme de la période de transition. Mais il a vite dû déchanter, confronté à des adversaires retors et à des médiateurs pointilleux. Au fil du temps, son capital de popularité a fondu et son incapacité à sortir le pays de l'impasse est apparue au grand jour. L'échec des dernières discussions de Pretoria, fin avril, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. De retour à Antananarivo, TGV a voulu reprendre la main en nommant un gouvernement "neutre" ayant l'aval de la hiérarchie militaire. Mais cette tentative illusoire de créer l'union nationale autour de lui a échoué. Pressuré par la hiérarchie militaire qui lui réclamait une nouvelle feuille de route pour sortir de la crise et par un duo de médiateurs composé du Français Jean-Marc Châtaigner et du Sénégalais César Coly, TGV a été contraint de lâcher du lest. En acceptant ainsi de passer son tour à la prochaine présidentielle, il s'évite la tâche délicate d'avoir à modifier la Constitution pour pouvoir s'y présenter puisqu'il a 35 ans et que l'âge requis est de 40 ans. Or c'est justement l'âge qu'il aura au scrutin suivant, en 2015…

Les militaires toujours en embuscade. Mais Rajoelina ne dispose déjà probablement plus du capital de confiance nécessaire pour mener, tout seul, jusqu'à son terme le calendrier électoral qu'il a présenté le 12 mai. Non seulement il est aujourd'hui politiquement très affaibli par rapport à mars 2009, mais la situation économique et sociale s'est dégradée : la machine administrative ne tourne plus rond (grèves à répétition), tandis que les caisses de l'Etat sont vides. Son propre camp risque l'émiettement, car ses dernières décisions ont en dépité plus d'un. Des grincements de dents se font ainsi sentir du côté d'Alain Ramaroson, d'Evariste Marson ou de Jean Lahiniriko. De son côté, la hiérarchie militaire mise en place par Rajoelina et qui l'a soutenu jusqu'à ce jour doit composer avec d'autres sensibilités au sein de l'appareil militaire. Cette semaine, d'anciens officiers en retraite, regroupés derrière le général Désiré Rakotoarijaona et le colonel Jean Emile Tsaranazy, tous deux proches de l'ancien président Didier Ratsiraka, ont créé une structure militaire chargée de veiller à la bonne marche de la transition. Même s'il ne s'affichera sans doute pas sous le qualificatif de "militaro-civil", un nouveau gouvernement au sein duquel le poids des militaires serait accru est toujours à l'ordre du jour.

Des présidentiables à foison. Un ministre de TGV, Hajo Andrianainarivelo, se verrait bien comme son dauphin pour le futur scrutin présidentiel. Il n'est pas le seul. Des conseillers du premier ministre Camille Vital poussent ce dernier à se jeter dans la course. Tandis que l'homme d'affaires Edgard Razafindravahy pourrait être un candidat de rechange puisque c'est un ami de TGV. Mais il a peut-être une autre idée en tête, comme par exemple d'être le binôme de l'ancien vice-premier ministre Pierrot Rajaonarivelo qui aura besoin d'un Merina à ses côtés pour ce scrutin, d'autant qu'il n'a encore jamais affronté les électeurs. Le côtier Roland Ratsiraka, qui ne fait pas mystère de son intention de briguer la présidence, devra aussi s'adjoindre une personnalité merina pour avoir une chance de faire un score nationale significatif. La bourgeoise merina d'Antananarivo, un temps unie derrière Marc Ravalomanana puis derrière Rajoelina, est aujourd'hui divisée. Ce qui rend plus difficile la campagne menée depuis quelque temps par Raymond Ranjeva pour se positionner comme le candidat des Merina au prochain scrutin.

Publié dans Dans le courrier

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