Madagascar Résistance : La difficulté d’être légaliste et Malgache

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Madagascar Résistance :

La difficulté d’être légaliste et Malgache

 

 

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Être légaliste c’est défendre le respect des lois, à commencer par la loi fondamentale qu’est la constitution d’un pays. 
Ce devrait être une position approuvée partout dans le monde par tous ceux qui se disent démocrates.  

Ce respect des lois ne peut être légitimement remis en cause que si les citoyens n’ont pas choisi librement et en connaissance de cause la constitution de leur pays, ou s’ils n’ont pas élu librement les législateurs qui élaborent les lois de leur pays. Hormis cette restriction, le fait d’être légaliste devrait être considéré comme une bonne chose pour notre monde et être encouragé. En effet, sans le respect des lois, le monde retomberait dans une barbarie généralisée dans laquelle seule primerait la force des armes. Sans le respect des lois dans lesquelles sont transcrites les droits de l’homme et ses libertés fondamentales et qui ont été adoptées par la plupart des Etats actuels, la démocratie serait rapidement condamnée à disparaître de notre planète. Or, comme le disait Winston Churchill, "la démocratie est un mauvais 
système, mais c’est le moins mauvais de tous". La promotion et la défense de la démocratie devraient donc nous concerner tous.
 
Comment expliquer alors la relative indifférence et même parfois l’hostilité manifestées par une partie de l’opinion réunionnaise envers la lutte menée par les légalistes malgaches et leurs sympathisants à La Réunion ? 
Plusieurs réponses peuvent être avancées. 
 
Amalgame entre légalistes et ravalomananistes

La première raison qui pourrait expliquer cette indifférence, voire cette hostilité d’une partie de l’opinion réunionnaise envers les légalistes malgaches et leurs sympathisants à La Réunion est l’amalgame, établi par les médias français dès le début de la crise en 2009, entre une opposition légaliste au coup d’Etat et un soutien inconditionnel et partisan à Marc Ravalomanana. Or ce dernier ayant été systématiquement diabolisé dans les rares occasions où les médias français métropolitains évoquaient la crise à Madagascar, c’est une image exagérément négative que gardent de lui les personnes qui n’ont pas accès à d’autres sources d’information. Cette image négative a agi par la suite comme un véritable filtre empêchant d’entendre le vrai message des légalistes malgaches. C’est pourquoi Madagascar Résistance s’est donné comme mission de contribuer à mieux faire entendre la voix de celles et de ceux qui, dans la Grande Ile, luttent non pas pour un homme, mais par patriotisme et pour la défense de la démocratie.   

En réalité, le camp légaliste s’apparente plutôt à un front pour la défense de la constitution, dans lequel on trouve les ravalomananistes purs et durs, mais aussi de nombreux citoyens malgaches simplement soucieux de l’avenir de leur pays. Cette deuxième catégorie de légalistes comprend par exemple ceux qui sont relativement critiques envers Marc Ravalomanana mais pensent que dans le bilan qui peut être fait de ses sept années à la tête de son pays, ses réalisations l’emportent sur ses faiblesses. Cette deuxième catégorie de légalistes comprend aussi ceux qui ne voteraient plus pour lui s’il se présentait pour un troisième et dernier mandat mais veulent le respect de la constitution. Cette catégorie de légaliste 
comprend également des sympathisants d’Andry Rajoelina qui avaient soutenu ce dernier dans sa conquête de la mairie d’Antananarivo, mais ont désapprouvé la suite de son action. Elle comprend enfin ceux qui font une lecture plus géostratégique de l’origine de la crise et refusent de faire entrer Madagascar dans le club des Etats hors la loi, avec leurs coups d’Etat à répétition, pour le bénéfice de quelques grands groupes français.  

Il convient ainsi de tordre le cou une fois pour toute à cet amalgame mensonger réduisant l’objectif du combat légaliste à la seule défense des intérêts particuliers de Marc Ravalomanana. 
 
Une démocratie à deux vitesses 
 
Une deuxième raison pourrait expliquer cette attitude d’une partie de l’opinion réunionnaise quant aux évènements à Madagascar : il s’agit là encore de la persistance d’une image négative. L’image unique que l’on se fait de Madagascar depuis une trentaine d’années est en effet résumée par cette phrase : « un pays parmi les plus pauvres du monde ». Certes, cette phrase exprime un fait réel. Mais la réalité, à Madagascar comme ailleurs, a toujours de multiples facettes, et parmi celles-ci, certaines sont positives. Or, les reportages ou films documentaires consacrés à la Grande Ile ont toujours porté sur les mêmes sujets : sa biodiversité unique ou son extrême pauvreté. Très peu se sont intéressés à l’homme et à la femme malgache. A leur courage au travail, à leur sens civique qui s’exprime dans leur participation aux travaux collectifs au sein de leur quartier urbain ou de leurs villages, à leur attachement à la démocratie dont une forme traditionnelle existait antérieurement à la colonisation, à leur attachement à la non violence et aux valeurs spirituelles dans un monde de plus en plus violent et esclave du matériel. 
 
Ces facettes positives sont rarement évoquées dans les médias. Ainsi s’est forgée au fil des années cette image tronquée et misérabiliste de Madagascar qui suscite à l’extérieur un sentiment ambivalent, mélange de pitié et de mépris, pour ses habitants, d’autant que leur pauvreté est toujours présentée comme étant de l’unique responsabilité des dirigeants du pays. Les impitoyables contraintes extérieures imposées pour la défense des intérêts étrangers ne sont jamais évoquées. 

Comment peut-il en être autrement quand les multinationales possèdent ou contrôlent la plupart des grands médias dans tous les pays dits avancés ? A cet égard, nous recommandons à nos lecteurs de rechercher l’excellent film intitulé "Après la gauche" diffusé le 21 octobre dernier par la chaîne Planète, qui traite notamment de cet immense pouvoir occulte qu’exercent actuellement sur tous les gouvernements et les peuples du monde ces multinationales. Ce film est exceptionnel par la qualité des personnalités qui s’expriment, par la qualité de leur analyse du présent ainsi que par leur 
vision du futur. 

Ce qui est vrai pour Madagascar l’est également pour tous les pays du tiers-monde qui ne deviennent des "sujets" dignes de l’actualité que lorsqu’ils sont frappés de cataclysmes naturels ou de cataclysmes politiques. L’opinion publique des pays riches, dont la perception des pays du tiers monde se fonde sur des clichés, ne peut ainsi avoir une perception juste des peuples concernés. Elle peut difficilement comprendre que la pauvreté dans laquelle ces peuples se débattent n’est pas une tare nationale. Elle est lassée par l’éternelle image misérabiliste qu’on lui présente. Elle finit par penser que ces peuples, 
peut-être, n’ont pas tout à fait les mêmes aptitudes que les peuples des pays développés. Dès lors, elle pourra difficilement comprendre que ces pauvres puissent avoir la même exigence de démocratie que les riches.  
C’est pourquoi leur combat pour le respect de la justice et de la loi agace, ou au mieux laisse indifférent. 
 
Mais les valeurs démocratiques seront universelles, ou disparaîtront 

Il ne peut y avoir une démocratie à deux vitesses : une pour les pays riches et une pour les pays pauvres. 
Rappelons-nous ces mots du pasteur Martin Niemöller arrêté par les nazis en 1937 : 
"Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste. 
Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas Juif. 
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas syndicaliste. 
Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas catholique. 
Et lorsqu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester". 
 
Démocrates réunionnais, soutenez par vos protestations la lutte des légalistes malgaches ! 
Les atteintes à la démocratie vous concernent, où qu’elles se produisent dans le monde et plus encore quand elles se produisent à votre porte. 

 

Lundi 25 Octobre 2010 - 15:10

 Publié avec l'aimable autorisation de la rédaction de

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rov@higa

 

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