TGV se prépare un hiver austral morose

Publié le par Nadia

MADAGASCAR 
TGV se prépare un hiver austral morose
 

Les choses vont de mal en pis pour le président de la Haute Autorité de transition (HAT), Andry Rajoelina, dit TGV, qui s'enferme dans sa stratégie de fuite en avant. Le gouverneur de la Banque centrale de Madagascar (BCM), Frédéric Rasamoely, l'aurait récemment informé qu'il ne peut plus intervenir sur le marché des changes pour soutenir la monnaie malgache car les recettes en devises provenant des exportations sont insuffisantes et souvent non rapatriées dans le pays. En l'absence d'un afflux d'investissements directs étrangers ou d'aides internationales, les réserves en devises de la BCM sont toutes déjà affectées à des dépenses urgentes. Du coup, les ministres de TGV sont à l'affût de sources de financement occultes pour étayer leur budget ou arrondir leurs fins de mois.

L'affaire Intertek. Depuis quelques semaines, Solofo Rasoarahona, le conseiller spécial du ministre des finances Hery Rajaonarimampianina, prépare la signature d'un contrat en faveur d'Intertek pour le contrôle pré-embarquement des importations malgaches. L'objectif est de tailler des croupières à GasyNet, la joint-venture entre SGS et l'Etat, qui s'occupe actuellement de contrôler les importations à leur arrivée à Madagascar. L'idée d'un contrat avec Intertek s'appuie sur le mécontentement de certains importateurs vis-à-vis de GasyNet, mais cela risque surtout d'amputer les caisses de l'Etat des revenus collectés par cette société. C'est ce qui explique l'opposition du directeur des douanes, Vola Razafindramiandra, à ce projet. D'autant que son promoteur, Solofo Rasoarahona, est le roi du mélange des genres. Non content d'œuvrer pour le compte d'Intertek, il est associé avec le ministre des finances au sein du Cabinet auditeurs associés (CGA), lequel est le commissaire aux comptes ou le conseiller fiscal de nombreuses sociétés de la place, dont plusieurs sont sous le coup d'une enquête fiscale. 

Le deux Mamy. Deux personnalités ont le vent en poupe : le ministre des mines Mamy Ratovomalala et Mamy Ravatomanga, le patron du groupe Sodiat. Le premier a joué un rôle non négligeable dans la mise en place du contrat minier avec la société chinoise Wisco (exploitation du fer de Soalala), qui aurait payé pour cela 100 millions $, dont la BCM n'a toujours pas officiellement confirmé la réception. Toutefois, le plus influent des deux est sans conteste Mamy Ravatomanga : ce dernier est un proche de TGV et le patron du quotidien La Vérité. Depuis fin 2009, il est administrateur représentant l'Etat au sein de Telecoms Malagasy (Telma), ancienne firme étatique aujourd'hui contrôlée par des sociétés privées. En outre, il est le lobbyiste attitré d'Iqbal Rahim, l'actionnaire des sociétés Galana raffinerie terminal (GRT) et Galana distribution pétrolière (GDP). Il y a quelques mois, il a racheté à la société EEM l'immeuble Pradon à Antananarivo pour 2,7 millions €, et il s'emploie maintenant à le rentabiliser. C'est ainsi que le groupe Galana a décidé de résilier, fin 2010, le bail de son siège d'Antananarivo auprès de la société Sacoplast appartenant à la famille Hiridjee, pour aller s'installer dans l'immeuble Pradon. Enfin, pour jauger de l'influence politique de Ravatomanga, un exemple suffit : c'est lui qui a remis le CV d'Hery Rajaonarimampianina à TGV pour qu'il le nomme dans son gouvernement. Devinez qui est le commissaire aux comptes des sociétés du groupe Sodiat !

TGV s'inspire de Ravalomanana. Comme le laissait déjà présager un document d'orientation économique de la HAT, adopté il y a quelques semaines, TGV est en train de se laisser influencer par les thèses nationalistes. Ainsi, un décret ministériel devrait être prochainement adopté pour instaurer une sorte de monopole de l'importation des produits pétroliers : l'Etat accorderait un marché d'importation à une seule société auprès de laquelle les distributeurs de la place devraient s'approvisionner. Parallèlement, le gouvernement pourrait décider de fixer d'autorité le prix des produits à la pompe, ce qui engendrerait une double contrainte (à l'import et à la vente) pour les compagnies pétrolières. Il n'est pas certain que ce système permettra à l'Etat de récupérer une partie de la plus-value réalisée actuellement par les compagnies pétrolières. Celle-ci risque plutôt de tomber dans l'escarcelle d'hommes d'affaires proches de la HAT, qui vont se ruer pour obtenir ce contrat d'approvisionnement exclusif ou le faire attribuer à une société avec laquelle ils sont de mèche. Une belle bataille de lobbying en perspective. 

Publié dans Dans le courrier

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R
<br /> <br /> Je n suis pas très doué du monde des affaires, mais ces informations sont plus interessants que n'importe qui va interpréter ces analyses. Pour moi, je pense que l'analyse est plutôt trop poussée<br /> pour avoir affirmer qu'avec la société Intertek, l'hiver austral sera morose pour le Président de la HAT RAJOELINA Andry Nirina. Car, à ce que je vois, personne ne peut affirmer la qualité de<br /> prestation des deus précédentes BIVAC et SGS et pourquoi critiquer déjà la signature du contrat avec Intertek ? La seule critique valable est le statut du pouvoir de RAJOELINA : en phase<br /> transitoire !<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> D’accord à 100% avec vous. En effet, il ne s’agit pas de critiquer la performance de ces sociétés,<br /> mais plutôt de montrer les « affaires » que le régime et ses acolytes sont entrain de monter pour gagner de l’argent. Nous parlons bien sûr de l’argent qui ira dans les caisses de<br /> l’état, tout en imaginant que les initiés se feront quelques « bénéfices » en passant. L’analyse de l’auteur de l’article débouche sur le fait que les caisses de l’état vont s’assécher<br /> sans l’apport  des bailleurs traditionnels qui, comme vous le savez, ont fermé les robinets depuis presque deux ans. Le régime est donc condamné à<br /> « improviser » pour survivre. Et c’est là tout le mal, car ils vont sacrifier ceux qui sont légalement en marche afin de mettre à leur place de nouveaux prestataires<br /> « partenaires ». Comme vous le dites , un régime transitoire ne devrait pas s’occuper d’investissement  qui engage le pays à long terme.<br /> Mais que faire ?<br /> <br /> <br /> Merci de votre visite et surtout de votre commentaire.<br /> <br /> <br /> <br />