LE 13 MAI

Publié le par rovahiga

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Histoire du 13 mai : « La révolution historique ».

 

24 mars 1971, l’université d’Ankatso entre en grève. Le mouvement dénonçait la non-équité de l’éducation mais également le néocolonialisme français, car tout se décidait toujours à Paris malgré l’octroi de l’Indépendance à Madagascar en 1960. Le mouvement a répandu ses branches dans les périphéries et autres provinces, notamment dans le Sud avec à la tête Monja Jaona. Le régime de l’époque a aussi vite envoyé sa réplique répressive. Les éléments armés envoyés se sont pas retenus pour tenter de rétablir l’ordre et éradiquer le mouvement du MONIMA. Les chiffres officiels font état de 45 morts lors de ces persécutions alors que Monja Jaona parlait d’un millier de personnes tombées. Bon nombre de manifestants se sont également fait capturés pour conspiration, mutinerie et atteinte à la sûreté de l’Etat.

Mars 1972, les étudiants de l’école de médecine d’Antananarivo sise à Befelatanana rejoint le mouvement suivis des étudiants de l’école de pharmacie. Cette dernière école a été fermée par le régime le 19 avril 1972.

La grève reprend de l’ampleur le 24 avril et se répand à Fianarantsoa et à Antsirabe respectivement les 28 et 29 avril 1972.

Le 12 mai, les autorités ont ramassé quelques 380 étudiants au campus pour les envoyer en exil à Nosy Lava, alors destiné aux criminels les plus dangereux.

Quelques jours auparavant, un lycéen du nom de Modeste Randrianarisoa a été abattu par les forces de l’ordre à Ambalavao. Avec le soutien des parents, les forces vives et les associations comme le ZOAM (Zatovo Ory Asa Malagasy qui deviendra plus tard le Tanora Tonga Saina), la manifestation envahit Analakely pour réclamer le retour de ceux qui ont été capturés et envoyés en exil à Nosilava devant l’Hôtel de Ville de la Capitale le samedi 13 mai. Aux cris des manifestants, les éléments du FRS (Forces Républicaines de Sécurité) ont répondu par des tirs à balles réelles à travers les fenêtres du bâtiment. Malgré plusieurs décès et cas de blessures graves dans leur camp, les manifestants n’ont pas cédé et ont finit par barricader les portes et fenêtres de l’Hôtel de ville, avant d’y mettre le feu. D’autres véhicules aux alentours ont également été incendiés, notamment  des camions des pompiers ayant tenté d’éteindre le feu.

Environ 150 000 manifestants ont entamé une grande marche vers le palais présidentiel le 15 mai, pour réclamer la libération de 380 étudiants envoyés à Nosy Lava. Le régime s’est vu contraint de céder et ordonne leur libération. Ils sont de retour dans la Capitale le 16 mai.

Une « Chasse aux FRS » a été lancée ayant occasionné la mort de 5 de ces éléments des forces de sécurité. Depuis, la Gendarmerie ne répondait plus aux appels du régime, lui-même lâché par la France qui a clairement déclaré ne pas avoir l’intention de faire intervenir ses forces.

Le régime de Philibert Tsiranana chute le 18 mai 1972 et les pleins pouvoirs passent aux mains de Gabriel Ramanantsoa.

 

39 ANS APRÈS : Le 13 mai 72 aux oubliettes

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L’histoire, dit-on, ne s’oublie jamais et est un éternel recommencement. Malheureusement, cela ne serait plus le cas en ce qui concerne le soulèvement populaire du 13 mai 1972 qui, depuis ces dernières années, n’est plus qu’une histoire en passe d’être reléguée aux oubliettes.

En effet, même ceux qui ont vécu ces événements tragiques de l’époque et surtout les principaux leaders du mouvement dont Manandafy Rakotoniria, Willy Razafinjatovo (Olala)… ne veulent plus en parler comme si de rien n’était.

Par ailleurs et sauf oubli, il n’y a jamais eu de commémoration officielle de ces événements quand bien même ils ont marqué un grand tournant dans la vie de la nation. Aujourd’hui encore, personne n’envisage cette commémoration qui a pourtant toute son importance dans l’histoire nationale au même titre que les événements du 29 mars 1947, du 10 août 1991 et de tous les autres qui se sont succédé pour aboutir à un changement du régime et des dirigeants du pays.

Une date et une place 

Actuellement, le « 13 mai » est devenu à la fois une date et une place historiques.

Coïncidence ou simple hasard ? On assiste actuellement à une grande agitation au sein des universités, là où ont été concoctées à l’époque les actions devant mener à la « capitulation » du premier président de la République de Madagascar, Philibert Tsiranana, lequel fut contraint de remettre les pleins pouvoirs pour diriger le pays au général Gabriel Ramanantsoa.

On espère toutefois que ce ne sont pas les visées de ces universitaires (enseignants et étudiants confondus).

Mais si la date du 13 mai n’est plus qu’un souvenir, la place qui a été baptisée en son nom reste plutôt « fatidique » pour tous les dirigeants qui ont été au pouvoir. Ces derniers ont tous eu une certaine peur de cette place. Faut-il rappeler que c’est depuis cette place qu’on a exhorté la population à pousser les tenants du pouvoir à la capitulation comme pour le cas de Tsiranana qui pourtant, venait d’être réélu à près de 90% des suffrages exprimés lors de l’élection présidentielle du 30 janvier 1972. Même situation pour Didier Ratsiraka en 1989 dont la chute s’est accélérée avec la tragédie du 10 août 1991.

Le cas d’Albert Zafy est un peu particulier en ce sens qu’il n’a pas été destitué à la suite d’un soulèvement populaire mais par une motion d’empêchement adoptée par l’Assemblée nationale de l’époque. Une Assemblée où il avait pourtant la majorité mais ce n’était qu’une majorité « variable » acquise à une opposition déterminée à l’écarter de la magistrature suprême du pays.

Indépendamment des événements du 17 mars 2009, on se rappelle que tous les mouvements qui ont abouti à la « défection » de Marc Ravalomanana, sont également partis de la place du 13 mai. De décembre 2008 à mars 2009, une importante partie de la population de la capitale, acquise à la cause du maire de l’époque et actuel président de la Transition, Andry Rajoelina, s’est mobilisée sur cette place presque quotidiennement jusqu’au jour où les militaires du Capsat ont décidé d’entrer en scène.

Site interdit 

Tout cela fait partie de l’histoire de cette place du 13 mai qui, depuis la reconstruction du nouveau bâtiment de l’hôtel de ville, n’est plus accessible aux manifestants pour la simple raison que le site est maintenant interdit à toute manifestation quel que soit son objet.

On ne verra plus un Alain Ramaroson aller y déposer une gerbe de fleurs comme il en avait l’habitude auparavant pour commémorer tous ceux qui ont donné leurs vies lors du 10 août 1991… car c’est de là qu’est également partie la fameuse grande marche vers le palais d’Iavoloha qui était destinée à déloger Didier Ratsiraka.

Ainsi, tout porte à croire qu’il n’y aura plus de place du 13 mai. C’est peut-être dans ce sens que les trois mouvances qui ont projeté d’y manifester aujourd’hui, se sont ravisées pour rester sagement à Ivandry, chez leur principal leader, Albert Zafy. D’autant plus que les autorités compétentes ont déjà annoncé la couleur contre toute velléité d’occupation de cette place qui, dans le temps, a fait et défait les régimes en place.

 

 

Publié dans La Presse

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