Lettre ouverte aux membres de la SADC et de la Communauté Internationale

Publié le par Collectif GTT

Photo Gaborone MyDago.com

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Le Sommet de Gaborone : un rendez-vous décisif pour MADAGASCAR

 

Mesdames, Messieurs,

Nous saluons les efforts déployés par la Communauté Internationale pour aider les Malagasy dans le

processus de sortie de crise. Le rendez-vous au sommet des Etats membres de la SADC à Windhoek le 20

mai 2011, les rencontres préalables entre les 4 mouvances et SEM Hifikepunye Lucas Pohamba, Président

de la Namibie et non moins Président en exercice de la SADC et la réunion de Gaborone qui se tiendra les 6

et 7 juin prochains témoignent de cette volonté.

A l’issue des rencontres de Windhoek, le Président Phamba a confirmé que la SADC et le gouvernement

namibien ne reconnaissent pas le nouveau gouvernement mis en place par Rajoelina. Cette position est

en parfaite cohérence avec celle de l’Union Africaine et de la SADC concernant les changements

anticonstitutionnels sur le continent africain.

D’ailleurs, le représentant de l’Union Européenne à Madagascar, M. Leonidas Tezapsidis, a confirmé

cette position à l’occasion de la fête de l’Europe ce lundi 9 mai 2011 en déclarant que « l’Union

(Européenne) maintient sa position ferme pour Madagascar » et «prévient contre toute décision qui

s’écarte de la voie consensuelle et inclusive pour la sortie de crise ».

De même, à l’issue de sa 21ème session, l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE à Budapest (Hongrie)

est sans équivoque dans sa déclaration: Rajoelina et sa clique, qui incarnent l’illégalité, ne devaient pas se

trouver à Istanbul lors de la Conférence de Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés au risque de créer

un fâcheux précédent. Il a aussi appelé la Communauté Internationale à « mettre la pression maximale» sur

les putschistes.

Le 20 mai dernier, la SADC a réitéré la nécessité d'une vraie transition consensuelle et inclusive, seul gage

d’une paix durable et a invité toutes les mouvances à revenir autour de la table des négociations à

Gaborone.

Aussi, à la veille de cette réunion [de Gaborone] qui devra statuer sur le sort politique de Madagascar, nous

voulons vous faire part de nos préoccupations quant à l’évolution de la situation nationale afin que vous

disposiez d’une vision objective des faits dans les décisions que vous serez amenés à prendre.

Tout d’abord, nous assistons toujours à une situation totalitaire qui ne laisse point de place à la moindre

forme de démocratie. Aucune contestation du pouvoir n’est tolérée, les principaux médias sont sous contrôle

de la HAT, les manifestations sont violemment réprimées. Certes, ce ne sont pas des faits nouveaux de la

part de l’autorité de facto mais ils illustrent indéniablement l’obstination de Rajoelina et ses partisans de se

maintenir au pouvoir par tous les moyens, y compris donc l’usage de la force.

Sur le plan socio-économique, la situation est dramatique et devient insupportable pour l’ensemble de la

population : pillage, braderie illégale et permanente du patrimoine national, corruption à tous les niveaux,

flambée des prix, insécurité grandissante. De plus, avec cette longue crise (27 mois), Madagascar a

enregistré plus de 2 millions de personnes victimes du chômage, près de 400 prisonniers politiques sans

jugement pour la plupart et environ 1600 enfants mineurs disparus.

Se sentant appuyés par la France, Rajoelina et consorts continuent de défier outrageusement l’ensemble de

la Communauté Internationale en persistant dans la voie de l’unilatéralisme. Il (Rajoelina) a, en effet,

déclaré qu’ « il n’y aura plus de négociation possible » et que « quelle que soit l’issue de cette rencontre

[Gaborone], on poursuivra notre route ». C’est évidemment une provocation à l’égard de la Communauté

Internationale en général et de la SADC en particulier. Mais à travers cette attitude, Rajoelina se comporte

surtout en dictateur en s’imposant d’abord à la tête de la Transition et ensuite en organisant des élections

dont la crédibilité serait pour le moins douteuse afin de légitimer leur prise de pouvoir anti-démocratique.

Par ailleurs, force est de constater qu’à ce jour, le processus de sortie de crise reste handicapé par le soutien

ouvert du gouvernement français au régime putschiste. Et les agissements de la France, par ses serviteurs

interposés, ne font qu’augmenter les ressentiments des Malagasy envers les autorités françaises, ce qui tend

à affaiblir la position de la France vis à vis du peuple Malagasy.

Aussi, nous attendons une réaction vigoureuse et ferme de la SADC qui doit être à la hauteur du

mépris et de l’arrogance manifestés par Rajoelina et sa clique vis à vis de l’Institution.

En outre, la présence de groupements autres que les quatre mouvances officielles à Gaborone suscite un

certain nombre d’observations et d’inquiétudes de notre part:

1. Ce sont des entités, pour la plupart, créées après le putsch dans l’objectif de soutenir et servir

Rajoelina. D’ailleurs, en de maintes occasions, elles se sont prononcées en faveur de ce dernier notamment

lors de la Conférence d’Ivato et de la signature de la feuille de route proposée par M. Simao qui, rappelons le,

n’a pas eu l’aval des 3 mouvances,

2. Nombre d’entre eux sont des groupements microscopiques n’ayant aucune représentativité

nationale ni même régionale,

3. Ce ne sont pas des forces politiques significatives mais des factions affiliées à la mouvance

Rajoelina.

Au vu de ces éléments, nous estimons que la participation de ces entités à la réunion doit se limiter à titre

consultatif. Elles font partie, certes, des acteurs politiques malagasy mais pour les raisons citées ci-dessus,

elles ne doivent en aucune façon disposer des mêmes droits ni prérogatives que les mouvances,

notamment en ce qui concerne le droit de vote. L’approche en terme de « Mouvance » doit rester le cadre

général de la négociation.

Plus que jamais, à l’occasion de cette réunion qualifiée de « dernière chance », nous nous associons avec

tous les Malagasy épris de justice et de liberté pour demander formellement à la SADC de prendre ses

responsabilités, notamment:

de ne pas se laisser séduire par les arguments fallacieux des putschistes et de refuser toute

reconnaissance officielle à ce régime totalitaire,

d’oeuvrer pour exiger un vrai gouvernement de transition inclusif et consensuel où les quatre (4)

mouvances sont représentées conformément aux Accords de Maputo et à l’Acte additionnel d’Addis Abéba.

d’ordonner le retour sécurisé du Président élu démocratiquement Marc Ravalomanana avec

toute la garantie du respect des droits civiques et politiques lui permettant de se présenter librement aux

élections. Une pétition allant dans ce sens a été lancée et a recueilli plus de 20 000 signatures. Ce retour

constitue un gage d’une paix sociale durable pour le pays,

de demander la libération des prisonniers politiques,

de confirmer l’application effective des sanctions décidées par l’Union Africaine à l’encontre des

auteurs du coup d’Etat,

de contribuer au désarmement des milices sur lesquelles s’appuie le pouvoir putschiste,

d’assurer le respect des droits fondamentaux pour tous les Malagasy sans exception. plus

particulièrement ceux de pouvoir entrer et sortir librement du territoire.

de se porter caution pour l’organisation des élections libres, transparentes et crédibles et ne pas la

laisser à d’autres organismes à la solde de l’ancienne puissance coloniale dont l’objectivité et la neutralité

sont douteuses.

Enfin, en 27 mois de lutte contre ce régime dictatorial, le peuple Malagasy est fatigué et a besoin de vous.

Nous n’oserons pas imaginer un seul instant que vous puissiez l’abandonner dans son combat pour

recouvrer la liberté et la démocratie, il y va de la crédibilité de notre INSTITUTION. 

Publié dans COMMUNIQUE

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